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Un jalon important dans l’histoire de l’émaillerie |
Jusqu’au milieu du XIXe siècle, il était majoritairement admis que l’émail champlevé était une invention du Moyen Age partagée entre le nord de l’Espagne, Limoges et la Moselle. Seul l’émail cloisonné était reconnu d’origine plus ancienne, avec les productions remarquables de Byzance et aussi des barbares d’Europe centrale. C’est pourquoi la découverte du vase de la Guierce, dans un contexte du IIIe siècle après J.C., n’a pas manqué d’intriguer et de provoquer le débat. Elle intervient au moment même où de nombreuses initiatives révèlent à l’opinion et aux amateurs la qualité et l’étendue des chefs- d’œuvre de l’émaillerie. Alexandre du Sommerard acquiert en 1841 deux cents pièces de l’émaillerie limousine, qu’il va pouvoir présenter à Paris dans l’hôtel de Cluny. L’abbé Texier publie en 1843 son essai historique sur les émailleurs de Limoges. Et c’est en 1849, l’année de la découverte du vase de la Guierce, qu’est publié à Londres le De coloribus et artibus romanorum attribué au légendaire Héraclius. Pas moins de quatre cents expositions d’émaillerie se tiennent en Europe avant la fin du XIXe siècle. Les collectionneurs américains et russes acquièrent beaucoup des plus belles pièces. Un débat va donc s’ouvrir opposant les tenants de l’origine « barbare » ou bien « classique » du décor du vase de la Guierce. « Ainsi le vase de la Guierce est positivement de l’époque romaine… Mais s’il a appartenu à un gallo-romain, est-il bien de fabrication gallo romaine ? A défaut de figures, je désirerais pour lui reconnaître ce caractère, ou des rinceaux, ou des grecques, ou des palmettes, en un mot quelqu’un de ces nombreux motifs dont se parent habituellement nos plus modestes poteries du IIIe siècle. Au lieu de cela, je ne vois qu’un dessin barbare et tel que pourraient encore le tracer des artistes de la Nouvelle Zélande » (de Verneilh, 1863). Certains s’attachent aussi à trouver une origine limousine au vase de la Guierce. Mais les pièces à conviction manquent un peu, Maurice Ardant avouant : « Je n’ose l’attribuer précisément aux ouvriers de Limoges… quoiqu’il ait été exhumé si près de cette vieille cité gauloise ». Une petite boîte à l’émail bleu, d’époque gallo-romaine, trouvée dans les fouilles du Mont Gargan par l’abbé Joyeux, a été exposée à Limoges à cette époque… |
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