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Puis
l’arpenteur remonte de la vallée de la Grêne vers le village de
« Chez Marty », tel quel, en patois limousin, dans le livre
d’arpentage, ou Chez Martin, traversant au passage des « pièces de
cottes », c’est-à- dire des terrains en pente, dont un appelé
« la grosse pierre », appartenant à la communauté du village
de Chez Martin, ainsi que des vignes et des plantations de noyers. Le village de Chez Martin est très étendu, très peuplé, avec une vingtaine de maisons séparées par des jardins, des villards, des prés, des chènevières. Mais c’est un village de petites maisons et de petites gens, la plupart métayers ou bordiers de gros propriétaires comme MM. de la Boissière ou de Villeneuve, de Chabanais. Les cheptels ne sont pas importants (de 15 à 35 brebis) et comprennent souvent des bêtes asines (11 en tout). François Dagnas et Pierre Raynaud sont les deux seuls laboureurs . Ce dernier a un fils filassier, comme le sont Jean Bigaud et son fils, ainsi que Martial Délias. (les filassiers fabriquaient de la filasse à partir du chanvre des chènevières, après l’avoir fait rouir dans les ruisseaux) À noter que l’arpenteur ne distingue pas, comme aujourd’hui, l’Effaudie, Chez Martin et Chez Mariaud, et qu’il n’y a aucune mention du « château banal ». A propos de ce fameux « château banal », dont le nom a intrigué beaucoup de gens, il faut dire qu’il n’apparaît sous cette appellation que dans le cadastre de 1834, et que son nom est la francisation du patois « chêteu banard », le château du cerf-volant, désignant par là une habitation de peu d’importance, voisine d’ailleurs du « château de l’abeille », lui-aussi dérisoire. Il n’y a donc jamais eu de château à cet endroit, encore moins de château « banal », car les banalités (droits seigneuriaux) ne concernaient que les moulins, les fours et les pressoirs, et furent abolies en 1789. En revanche, une maison actuelle de Chez Martin a été décrite par l’arpenteur, puisque son chronogramme indique 1724 : c’est celle qui a longtemps appartenu à la famille Burbaud. (la plus ancienne maison de la commune est au Bouchet : elle date de 1605. La plus ancienne grange aux Gouttes : 1613.) De Chez Martin, l’arpenteur se dirige vers la Grange du Bost, appelée plus tard la Grange Neuve, puis le Grand Bois. C’est encore une métairie de M. de la Chauffie, exploitée par Jean de Brethenoux. Le cheptel comprend deux bœufs, quatre vaches, une jument, 50 brebis, une truie et deux cochons. Veilléraux (appelé Viliéroux), est affermé pour 300 livres à M. de Villeneuve par Raymond Denis . Tout près, des terres appartiennent à M. de la Soutière (il s’agit de Léon Aubin Sardain, sieur de la Soutière, paroisse de Grenord l’Eau), dépendant de ses métairies de la Soutière et de Chez Boulou. Le village des Gouttes (las Gouttas) est important : une quinzaine de maisons, plus des granges et des étables. Les laboureurs y sont nombreux. Jean de Vieilletoile est tailleur, François Vigier tisserand. La famille Besse est particulièrement bien représentée : Martial Besse et Jean Besse, laboureurs, y demeurent, ainsi que Marie Besse, veuve de Mathurin Vigier. François Besse, de la Nègrerie, y possède des terres, des granges, une métairie et un cheptel important. Guillaume Besse, de Porteboeuf, est propriétaire d’une ferme exploitée par Léonard Sabatier. Aujourd’hui, Renée Besse, veuve de André Besse, et son fils Jean-Claude Besse, sont les descendants de cette très ancienne famille. En allant vers Magnéras, l’arpenteur traverse des vignes, mais aussi une pièce de pré appelé de l’étang, puis le bost de l’étang et enfin « une pièce de vieux étang en claud et pacage ». Où se trouvait cet ancien étang ? À Magnéras, Jean de la Brunie, marchand de vin, est le principal propriétaire de ce petit village. Il possède deux bœufs, deux vaches, une jument, 50 brebis et une truie. À Puymis, quatre grosses métairies appartiennent respectivement à MM. Masdebost et de Puy-Saint-Jean, de Chabanais, Fouraud, de Saint-Quentin, Durepaire, de Bord (en Poitou). Ce dernier possédait un gros cheptel de quatre bœufs, 8 vaches, une jument, 90 brebis, une truie et quatre cochons. |
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