[…]
Un soupir. Il avait terminé son examen et finissait le rangement quand
un article découpé glissa d’entre les pages comme une fleur séchée.
Tout de suite, à l’avant-propos, une gerbe de souvenirs rejaillit dans
son cœur et envahit son esprit…
La
semaine dernière, on nous apprenait l’écroulement de la tour principale
déjà sérieusement endommagée au cours du siècle dernier. Cette tour
avait fait l’objet d’une récente enquête à la suite d’éléments
troublants.
On se souvient peut-être de ce fait-divers qui défraya
la chronique il y a quelques années à la veille de la guerre et dont la
presse locale se fit abondamment l’écho. Cependant, la gravité de la
situation internationale et ses conséquences immédiates éclipsèrent
bientôt ce que certains avaient déjà baptisé « le mystère de Malevent
». A ce jour, il ne demeure qu’un seul des témoins de cette curieuse
nuit, le lieutenant L *** qui bien que blessé à trois reprises,
s’illustra vaillamment dans les récents combats de la Marne et dont la
probité ne saurait être mise en doute. C’est grâce à ses indications
que nous avons pu reconstituer certains faits et considérer l’ensemble
sous un éclairage nouveau. Néanmoins, rien n’étant établi de manière
irréfutable, il semble difficile de ne pas se perdre en conjectures :
il reste toutefois trop de zones d’ombre pour qu’on puisse en tirer des
conclusions définitives ; en ces pénibles circonstances, le lecteur
comprendra que la prudence est plus que jamais de rigueur…
Le Point du Jour, avril 1919.