Les vieux.

Commandes


Pourtant, ils ne vont plus, ils viennent ;
Ils épargnent leurs gestes et les joies et les peines.
Oseraient-ils penser, qu'ils pensent à reculons
Dans leur mémoire en tourbillons.

Ils se conjuguent à l'imparfait
Car être vieux, ce n'est plus être tout à fait ;
Leurs souvenirs s'égrènent au chapelet du temps
Sans même qu'ils ne sachent comment.

Ils font partie de leur passé.
L'attente se morfond dans leurs sourires froissés,
S'ils existent encore, c'est d'avoir hérité
D'un passé pour l'éternité.

Comme ils ont froid d'être tout seuls !
Le froid les enveloppe et leur tisse un linceul,
La solitude gèle les mouvements de l'âme,
Éteint jusqu'aux dernières flammes.

Comme une antienne monotone,
L'écho des pas pesants au soir tombant résonne ;
Une ultime lueur, à la nuit vacillant,
Auréole un sceptre tremblant.

Lointains, perdus, le regard flou,
Plus rien ne les retient : ils font semblant, c'est tout.
Alors sans un murmure, sur la pointe des pieds,
Ils vont s'éteindre résignés…


Copyright © Jacques Goudeaux - mai 1985 / Dépôt SACEM : 1987



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